«C’est d’espérer qui est difficile – à voix basse et avec honte. La chose facile consiste à désespérer et c’est la grande tentation». Ces paroles du poète français Charles Péguy, sont tirées du célèbre poème sur le portique du mystère de la deuxième vertu: l’espérance, la «soeur cadette de la foi et de la charité». La question déconcertante de Jean-Baptiste : «Es-tu celui qui doit venir ou bien devons-nous en attendre un autre?» (Mt 11,3) résonne au départ comme une espérance mise à l’épreuve. Le Nazaréen fait miséricorde aux pécheurs et s’assied à la table des publicains et des prostituées. C’est sans doute cet excès de miséricorde qui désoriente Jean. Et c’est compréhensible, car il n’est pas facile de croire à la miséricorde de Dieu quand on est victime de la puissance des méchants ou des impies qui triomphent. L’attente du Précurseur, perceptible dans sa prédication, diffère de ce qu’accomplit Jésus. Mais dans sa réponse, Jésus fait comprendre à Jean et à ses envoyés que l’espérance s’alimente d’un regard prophétique sur l’histoire. Le passage de Jacques (Jc 5,7-10) parle aussi d’une patiente attente. A deux reprises, il nous rappelle que le Seigneur est désormais proche. Mais attention : l’imminence n’est pas chronologique, elle est théologique. Il est certain que le seigneur viendra; c’est là une donnée de la foi. On n’en connaît ni le jour ni l’heure, mais seulement qu’il faut vivre cette attente dans l’amour fraternel.

Commentary by b. Sandro Carotta, osb
Abbazia di Santa Maria – Praglia (Italy)

Traduction de f. Christophe Vuillaume, Monastère Masina Maria – Mahitsy (Madagascar)