Dans l’Evangile de ce 5e dimanche de Pâques, Jésus affirme que les disciples connaissent le chemin pour aller là où il va (cf. Jn 14,4). Si le lieu où Jésus va est le Père, le chemin en est évidemment l’amour. Non pas un amour quelconque, cependant, mais un amour pareil au sien, qui a la forme de l’oblativité et la mesure de la totalité. La forme oblative emprunte celle du service jusqu’à la forme de la croix; la mesure de la totalité est le don libre et gratuit qu’il fait de lui-même jusqu’à la mort. Mais les disciples ne comprennent pas et Thomas interprète bien le désarroi du groupe des apôtres en affirmant qu’il ne sait pas où Jésus se rend et quel en est le chemin. Thomas, en substance, ne croit pas que l’amour soit plus fort que la mort, que le chemin du don de soi soit celui de la victoire. Luc a lui aussi beaucoup réfléchi sur ce thème du chemin. En Ac 9, il nous parle de la voie du fanatisme que Paul a empruntée avant de rencontrer le Ressuscité; en Ac 8, ce chemin est celui de la recherche et il part de Jérusalem pour aller à Gaza. C’est là que se trouve l’eunuque de la reine Candace qui cherche justement dans les Ecritures qui est ce mystérieux Serviteur dont parle Isaïe; puis, il y a le chemin de la conversion, celui de Jéricho, en Lc 19, où Zachée rencontre le Maître de Nazareth et change radicalement de vie; finalement, toujours en Luc, au c. 24, on trouve le chemin qui va de Jérusalem à Emmaüs, sur lequel deux disciples déçus et découragés rencontreront un mystérieux compagnon de route qu’ils reconnaîtront à la fraction du pain. C’est le chemin de la déception qui devient la porte de la profession de foi. Mais le chemin dont parle Jésus, c’est Lui-même. A ses yeux, le chemin, c’est une Personne à suivre; la vérité – toujours dans cette perspective – n’est pas un concpet, mais un Homme à fréquenter et à connaître; la vie n’est pas une simple donnée biologique, mais Dieu lui-même, la Source de notre origine et notre bienheureux accomplissement.

Commentary by b. Sandro Carotta, osb
Abbazia di Santa Maria – Praglia (Italy)

Traduction de f. Christophe Vuillaume, Monastère Masina Maria – Mahitsy (Madagascar)