Quand on parle de sainteté, on parle de ce que Dieu a de plus propre. Ce qui lui est propre, il le communique à l’homme qui y participe. Alors, comme l’observait avec justesse Paul Beauchamp, plus qu’il ne désire la sainteté de l’homme, Dieu la communique en nous donnant, dans le Fils, son Esprit , c’est-à-dire la substance même de sa sainteté. Mais l’homme n’a pas donné suite à ce projet divin en désobéissant. Le récit biblique du péché originel (Gn 3,9-15.20) nous montre comment, après l’amère expérience du péché, Dieu se met sur les traces de l’homme. Rashì voit dans ce geste le signe d’une grande tendresse : Dieu s’intéresse plus à l’homme qu’à sa transgression. Dans la plénitude des temps (Lc 1,26-38), c’est Marie, la «pleine de grâce», qui donnera corps à l’ancienne prophétie en recevant l’incroyable annonce de la naissance dans son sein du Sauveur du monde. Le Christ est le premier objet de cette plénitude de grâce, dont lui-même, à son tour, comble ceux qu’il aime. Marie est la première à s’en réjouir. Mais ce n’est pas tout. Dans le titre qu’elle reçoit de l’ange, Marie a un rapport privilégié à Jésus tout en étant pleinement unie à tous les chrétiens qui peuvent recevoir du Christ à leur tour cette plénitude. Marie devient ainsi le signe de cette gratuité d’amour dont Dieu veut embrasser tout homme. Et Nazareth, cette obscure bourgade de Galilée, se dresse à son tour comme le symbole de l’universalité du salut.
Commentary by b. Sandro Carotta, osb Abbazia di Santa Maria – Praglia (Italy)
Traduction de f. Christophe Vuillaume, Monastère Masina Maria – Mahitsy (Madagascar)